Marie-Cécile, entre sirènes et éducation – Acte 3

Le soir où je me suis fait larguer deux fois

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Tout était parfait avec Marie-Cécile. Nous étions beaux ensemble, elle était simple à comprendre, et la rendre heureuse se limitait à lui faire vivre la grande vie de couple. Cela n’allait évidemment pas durer, pour les raisons évoquées précédemment.

Notre déclin commença lors de son voyage en Croatie. Elle partit pour un stage sportif, et quelques silences de textos lors d’une soirée m’apprirent qu’elle avait sans doute sombré dans les bras d’un beau nageur un soir de beuverie. Honnêtement, je m’en fichais un peu. J’avais compris dès le départ que notre relation ne durerait pas, et j’avais d’autres dossiers sur le feu. J’en eus la confirmation quelques semaines plus tard quand elle évoqua un autre stage qui s’organisait cette fois près de chez moi, mais auquel elle refusa que je l’accompagne.

Notre rupture eut lieu le soir de mon retour de Lisbonne. J’y avais passé trois jours avec Samuelle, étais parvenu à faire tomber ses barrières, et rentrais bronzé et heureux retrouver Marie-Cécile. Nous baisâmes dès notre arrivée à son appartement mais je voyais bien que quelque chose n’allait pas. Elle fuyait un peu mon regard, et beaucoup mes lèvres. Une femme qui fuit les lèvres de son partenaire pendant un rapport est une femme qui a perdu son niveau d’attraction. Elle peut offrir tout le reste, son cul, sa chatte, ses mains et son énergie, mais le contact entre deux paires de lèvres est la plus grande des preuves d’intérêt, à défaut d’amour. Je savais que cela allait se finir.

Une fois rhabillés, nous partîmes faire les courses pour la soirée puis nous arrêtâmes prendre un verre en terrasse. C’est là qu’elle choisit d’aborder la rupture.

Il serait inutile de restituer l’échange complet qui suivit. Ses tournures de phrases étaient convenues, à base de « je crois», « je pense », « ça serait mieux ». Jusqu’au bout elle se serait comportée comme le cliché féminin parfait, et me facilitait ainsi les choses. Elle fut déstabilisée par mon attitude : je ne luttai pas. Je lui dis simplement « d’accord, il faut arrêter alors », ce qui lui coupa l’herbe sous le pied et stoppa la conversation. Nous rentrâmes chez elle, et j’organisai en catastrophe ma fin de soirée. Mon plan s’organisa en deux parties. En façade, faire comme si de rien n’était. Je pense qu’elle s’imaginait que j’allais rester dormir, n’ayant nulle part où aller. Je lui préparai en tout cas un délicieux repas, juste pour lui faire un peu regretter. Après manger, alors que je rassemblai mes affaires, elle me proposa même de rester dormir. Elle aurait sans doute aimé que nous couchions ensemble une dernière fois. Ce rapport aurait été explosif. Avoir entériné la séparation l’avait libérée, et elle m’aurait probablement fait l’amour comme la première fois, sans aucun enjeu et donc sans retenue. En réalité, j’avais contacté Anita par texto, qui était disponible. Je pris donc poliment congé de Marie-Cécile qui en resta comme deux ronds de flan.

Anita hébergeait ce soir-là une amie, mais était si contente de me revoir qu’elle réserva en quelques minutes une chambre d’hôtel près de chez elle. Elle m’y attendit à moitié nue, et nous fîmes l’amour violemment dès mon arrivée. Je la pris longuement, jusqu’à la faire choir du lit, ce qui ne m’empêcha pas de continuer à la pilonner alors qu’elle avait la tête par terre. Elle avait la délicatesse d’être très verbeuse, avec des phrases crues et bien dosées comme « qu’est-ce que j’aime quand tu me baises », et c’était tout ce que j’avais envie d’entendre à ce moment-là.

L’ironie du sort s’abattît juste après. Alors qu’elle se refaisait une beauté dans la salle de bain, je textotais tranquillement avec Carrie, avec qui j’avais eu un premier rendez-vous quelques semaines avant. Anita me rejoignit dans le lit et aperçu le nom de Carrie en haut de l’écran. Elle la connaissait. Mes explications ne suffirent pas. Je crois que ce qui la vexa n’était pas que je flirte en parallèle, mais que je le fasse avec quelqu’un qu’elle jugeait inférieure. La jalousie se mêla à l’insulte, et elle se rhabilla pour rentrer chez elle.

C’est ainsi que je me fis larguer deux fois en une soirée.


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